Cette image est aussi vraie qu’un montage peut l’être. D’abord, car l’arrière-plan est bien réel. Celui de Riyad, où Makhmudov et Fa étaient sur la même carte, en décembre 2023. Ensuite, car les 2 hommes ont déjà partagé le même ring, mais chez les amateurs, en 2012. Peu importe, la photo prendra bientôt vie à Shawinigan.
Arslanbek Makhmudov (18-1, 17 K.-O.) et Junior Fa (20-3, 11 K.-O.) s’affronteront au Centre Gervais Auto, le 25 mai prochain. En prenant le chemin de la Mauricie, les deux géants tenteront tous de reprendre celui de la victoire et – qui sait? – peut-être celui de Riyad, en demi-finale de Mbilli-Heffron.
On s’en souvient, mais les choses ne s’étaient pas passées rondement pour Makhmudov, en Arabie Saoudite, en décembre dernier. Le « Lion » avait été malmené jusqu’à ce qu’il soit arrêté, au 4e round, par l’aspirant mondial Agit Kabayel (24-0, 16 K.-O.). Peut-être pour expliquer, mais dans tous les cas, ajouter à cela, il s’était fracturé la main droite à deux reprises dès le 2e round…
Plus tôt, sur le même ring, Junior Fa subissait le même sort, cette fois au 7e round et des mains du ‘Flash’ cubain Frank Sanchez (24-0, 17 K.-O.).
Vous vous souvenez de Butler et Rolls qui se battaient pour leur avenir l’international? Et bien EOTTM refait le coup, do or die, nous revoilà à la croisée des chemins.
De vraies retrouvailles
Bien que leurs carrières n’étaient pas en jeu auparavant, ce printemps sera la troisième fois où les chemins de Markhmudov et Fa se croiseront. Ils ont soupé avec le même prince saoudien, l’hiver dernier. Surtout, ils avaient croisé le fer en Inde dans le cadre de la World Series of Boxing, imminent tournoi amateur, en 2012.
À l’époque, le Néo-Zélandais avait vaincu Makhmudov dans une décision de 5 rounds. Douze ans plus tard, en Amérique, mais encore en Inde selon Christophe Colomb, Arslanbek Makhmudov est déterminé à ne pas laisser son sort entre les mains des juges.
« Je ne croyais pas avoir perdu ce combat de toute façon, mais ça ne fait que me motiver encore plus », a lancé le Montréalais d’adoption, le 27 mars, en conférence de presse.
« À la Patrick Kane »
Pour obtenir sa revanche, au domicile des Cataractes de Shawinigan, Makhmudov voudra « sortir ses mains à la Patrick Kane », pour citer le descripteur hockey de TVA Sports Alexis Goulet.
Où est le lien avec le hockeyeur américain?
Quand il avait 10 ans, Kane s’est brisé un poignet et son plâtre l’empêchait de tirer normalement. Résultat : il jouait quand même, mais en tirant uniquement du revers. Aujourd’hui, il est pratiquement aussi habile des deux côtés.
Nous revoilà à Makhmudov, qui avec sa main puissante droite dans le plâtre, en a profité pour entraîner davantage la gauche, promettant de revenir avec autant de puissance dans les deux mains.
Si c’est le cas, ça fait peur.
La main et l’esprit
On parle beaucoup de la grosse main arrière guérie du boxeur, mais semblerait que son esprit aussi se porte mieux. La blessure physique est arrivée pendant le combat, mais avant même d’entrer dans l’arène, mentalement, le « Lion » n’y était pas.
« Je n’étais pas affamé. Je pensais que j’étais professionnel, mais maintenant je sais que ce que ça prend pour l’être. En boxe, tu ne peux pas être relax, tu dois toujours être toujours affamé si tu veux être un vrai tueur », a-t-il chaleureusement indiqué.
Et Junior Fa, lui?
Reste maintenant à passer de la parole aux actes, le 25 mai prochain. Makhmudov est très confiant, mais le géant océanien qui sera devant lui n’est pas vaincu d’avance. Voici en rafale quelques-uns de ses attributs.
Énorme: mesure 6’5’’ et pèse près 280 livres, mais était malgré tout capable d’outboxer l’un des poids lourds les plus techniques et rapides en boxe pendant 5 rounds et demi à son dernier combat…
Compétitif: a fait la limite de 12 rounds avec Joseph Parker dans un combat bien plus serré que celui opposant ce dernier à Wilder. Oui, il a perdu au 1er round contre Browne, mais ça reste un cas isolé. Ce genre de coup de circuit arrive chez les lourds…
Entouré: on mentionnait Wilder, mais, preuve que Fa est solide, il a été le partenaire d’entraînement principal du terrifiant cogneur américain pendant des années…
Attentionné: triple père de famille, il a un fils, Ezra, touché par le spectre de l’autisme. Donnant à la cause, il fait de la sensibilisation, hors du ring, et même dedans, arborant le mot ‘Autism’ sur sa tenue de combat, comme le font les 4 frères Smith pour leur sœur…
Pas un «jambon»: c’est ma conclusion, arrêtez de dire ça. C’est extrêmement irrespectueux pour quiconque ayant le cran de monté sur un ring et surtout très fatigant pour parler d’un bon boxeur comme Fa qui aura une réelle chance de gagner, dans moins de deux mois.