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L’éternelle quête d’Artur Beterbiev

Noé Cloutier - Punching Grace

Photo : Noé Cloutier – Artur Beterbiev, ici avec John Scully, est sans nul doute l’un des boxeurs les plus craints du sport.

À 38 ans, Artur Beterbiev ne ralentit pas. C’est la même machine que lorsqu’il est débarqué pour la première fois au Québec, une décennie plus tôt. Les années ont passé, mais dans un contexte où il effectuera sa 8e défense de titre, le 13 janvier prochain, au Centre Vidéotron, sa source de motivation première est d’autant plus surprenante.

« Devenir un bon boxeur », répond simplement le champion unifié.

Vous savez, la barrière linguistique est tombée il y a bien longtemps pour le roi Artur. Seulement, en français, anglais ou russe, c’est un homme de peu de mots. S’il offre cette brève réponse en souriant, c’est que son sens de l’humour n’est pas pour autant amoindri. Pourtant, son entraîneur Marc Ramsay, qui a passé les 10 dernières années à décrypter l’énigmatique personnage, y voit quatre mots qui en disent long.

« Il fait des jokes avec ça, mais il est sérieux dans le sens que, pour lui, c’est une quête perpétuelle. Chaque décision qu’il prend, ce qu’il met dans son corps, ses heures de sommeil, est orientée vers sa boxe. C’est un peu comme un moine Shaolin qui va dédier sa vie à perfectionner quelque chose sachant très bien qu’on n’atteindra jamais la perfection, mais qui chaque jour essaie de s’en approcher le plus possible », décrit l’entraîneur de l’athlète à la fiche plus que parfaite de 19-0, 19 K.-O.

« Un bon défi »

Le 13 janvier, le moine montréalais venu des montagnes du Daghestan tentera de s’approcher un peu plus de la perfection face à Callum « Mundo » Smith (29-1, 21 K.-O.). L’ancien roi des super-moyens est « un bon défi » comme l’indique Beterbiev. Pour Marc Ramsay, amplificateur des réponses courtes de son poulain, c’est même l’un des meilleurs tests rencontrés dans les dernières années.

« C’est un très bon boxeur, un gars qui cogne dur. Souvent, on voit des gars avec certaines forces et certaines grosses lacunes. Lui, il est quand même assez bon dans tous les départements, en plus d’être game, c’est-à-dire qui ne va pas être impressionné d’affronter Artur, parce qu’il a déjà été dans des combats d’envergure », indique l’homme de coin, citant que la seule défaite de Smith était des mains de Saul « Canelo » Alvarez dans l’un des combats les plus en vue de 2020.

La reconquête

Artur Beterbiev est peut-être silencieux, mais pas insensible. Après s’être battu en Angleterre en 2023 et aux États-Unis en 2022, il débutera l’année 2024 avec son grand retour au pays et ça, même pour quelqu’un à la concentration quasi robotique, ça représente un monde de différence.

« C’est sûr, ici, c’est comme ma deuxième maison », lance-t-il, autant enthousiasmé qu’il peut l’être, alors qu’avec sa sanglante victoire face à Marcus Browne en 2021, il en sera seulement à sa 2e sortie québécoise en près de sept ans.

Il était dû comme on dit. Sa dernière visite dans la Capitale-Nationale était en 2015 dans un combat de support présenté au vétuste Colisée Pepsi. Près de neuf ans plus tard, le revoilà avec trois ceintures, dans un aréna tout neuf où près de 10 000 personnes viendront pour lui. Et puis, la ville de Québec aussi était due. C’est une reconquête de marché d’y amener l’événement, mais si Beterbiev pouvait l’emporter, ce serait symboliquement celle d’une nation. On le sait, il y a près de trois siècles, les Britanniques avaient eu le dernier mot dans la ville des plaines d’Abraham…

Un jour peut-être

Comme l’explique Marc Ramsay, la mentalité est d’y aller « un combat à la fois », alors inutile de voir trop loin, surtout avec un boxeur qui aura 39 ans avant la fin du mois de janvier. Tout de même, il est légitime de questionner jusqu’où le triple champion poussera sa quête. En fait, c’est plutôt de se demander : qu’est-ce qu’un bon boxeur selon lui?

« C’est comment je me sens, peut-être que quand j’aurais quatre ceintures, je le serais, mais là, je ne sens pas que je suis un bon boxeur », achève-t-il, sans même vouloir parler de Dmitry Bivol, car sa marque de commerce, vous vous en douter, c’est parler sur le ring, avec ses poings. Le 13 janvier, c’est donc d’abord avec Callum Smith qu’il discutera afin de conserver ses titres, et surtout, poursuivre sa quête éternelle.

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